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Corey Haas, ses parents et deux des chercheurs de l'équipe. © Daniel Burke
Corey Haas, 9 ans, parvient désormais à faire du vélo et une vidéo le montre en train de marcher le long d'un parcours fléché et encombré d'obstacles. Pourtant, Corey est né avec l'une des formes de l'amaurose congénitale de Leber (ou LCA, de son nom anglais). Cette maladie, qui affecte les photorécepteurs, provoque un gros déficit de vision à la naissance qui évolue le plus souvent en une cécité totale vers quarante ans. On sait aujourd'hui que la cause est génétique. L'un des gènes nécessaires à la synthèse d'un photorécepteur fonctionne mal. Plusieurs gènes sont impliqués et il existe donc autant de formes de cette maladie (au moins 11 connues actuellement).
Corey est atteint de la forme dite LCA2. Chez lui, c'est le gène RPE65 qui fait mal son travail alors qu'il devrait induire la synthèse de la rhodopsine, un des pigments de la rétine, présent dans les bâtonnets. Ces cellules finissent, au fil des années, par mourir.
Depuis des années, des chercheurs explorent la voie de la thérapie géniquethérapie génique pour combattre plusieurs formes de cécités génétiques, dont l'amaurose de Leber. En 2006, une équipe de l'Inserm de Nantes était parvenue à rendre partiellement la vue à des chiens atteints de cette maladie (due là aussi à une mutation du gène RPE65). En avril 2008, une grande première avait été annoncée chez l'homme. Deux équipes indépendantes, aux Etats-Unis (Université de Pennsylvanie) et au Royaume-Uni (University College, Londres), ont amélioré la vue de quatre personnes atteintes de la LCA2 sur les huit ayant reçu un traitement.
Dans ces deux cas, la méthode consiste à intégrer un gène RPE65 dans un adénovirusadénovirus inoffensif introduit dans la rétine, afin qu'il pénètre ensuite dans les cellules photosensibles. C'est encore ce même moyen qu'a utilisé de nouveau l'équipe de Pennsylvanie qui annonce aujourd'hui d'excellents résultats.
Deux ans sans effets secondaires
Il y a deux ans, Albert Maguire, Jean Bennet et leurs collègues ont traité ainsi douze patients, de 8 à 44 ans, dont quatre enfants, le plus âgé ayant 11 ans. Les résultats, qui viennent d'être publiés dans la revue The Lancet, montrent que dans tous les cas, la vue s'est améliorée de manière significative, selon des mesures expérimentales et selon des critères subjectifs. Surtout, l'étude montre ce qui avait déjà été noté chez les chienschiens, à savoir que la méthode donne de biens meilleurs résultats chez le jeune.
L'injection du gène RPE65, en effet, aura d'autant plus d'effets que les cellules cibles encore vivantes sont plus nombreuses. La maladie conduisant progressivement à la mort de ces cellules, l'impact du traitement s'amenuise avec l'âge. Les chercheurs notent que le plus jeune des enfants traités (de 8 ans) a retrouvé une sensibilité à la lumièrelumière identique à celle d'un enfant normal du même âge. Les effets positifs se font sentir dès les premiers mois après le traitement et se sont maintenus durant les deux années de l'étude, sans qu'aient été observés des effets secondaires indésirables.
La thérapie génique vient donc à nouveau de marquer des points, au moins contre l'amaurose congénitale de Leber. D'autres travaux récents, chez la souris, font état de bons résultats pour une autre maladie, la rétinite pigmentairerétinite pigmentaire et la vision des couleurs a été rétablie chez des singes-écureuils. Il reste cependant encore beaucoup de travail à faire, à commencer par des tests cliniques sur un nombre plus grand de patients.