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Alors que l'industrie pharmaceutique en général est déjà mise à mal par les différents scandales liés à des médicaments inefficaces ou dangereux (Mediator...), c'est au tour de la firme GlaxoSmithKline (GSK) d'être salie par une affaire qui avait déjà fait grand bruit l'année passée. Son fameux vaccin Pandemrix, destiné à protéger la population contre la pandémie du virus de la grippe A(H1N1), aurait contribué à la multiplication des cas de narcolepsie selon l'Institut national finlandais pour la santé (THL).
Ce sont en tout cas les résultats d'un rapport provisoire du National Narcolepsy Task Force finlandais, publié le 1er février. En effet, un nombre élevé d'enfants et d'adolescents (60) auraient contracté la maladie en 2009 et 2010 selon des données obtenues des hôpitaux, des neurologues ou des spécialistes du sommeil. Parmi ces jeunes, 52 (soit 90 %) avaient été reçu des injections du Pandemrix, alors que la couverture vaccinalecouverture vaccinale au sein de cette tranche d'âge n'atteignait que 70 %.
Neuf fois plus de risques
En conclusions à ces analyses préliminaires, le risque d'être atteint de narcolepsie serait neuf fois plus important après vaccinationvaccination que pour des personnes du même âge, non vaccinées. Le risque serait encore plus important pour les jeunes âgés entre 5 et 15 ans, mais absent pour les adultes de plus de 19 ans. Selon le communiqué du THL, « l'association observée est si évidente qu'il est peu probable que d'autres facteurs dits collatéraux puisse entièrement expliquer le phénomène. »
Si les conclusions définitives ne seront connues qu'au mois d'août, avec la publication du rapport final de l'institut finlandais, celui-ci explique prudemment son opinion : « actuellement, l'explication la plus probable est que l'augmentation des cas de narcolepsie est due à l'effet conjoint du vaccin et d'un ou plusieurs autres facteurs ».
La narcolepsie entraîne des endormissements inopinés, souvent embarrassants. © Happy Batatinha, Flickr, CC by 2.0
Narcolepsie, une affection rare du sommeil
D'autres facteurs sont-ils donc à rechercher ? Les causes de la narcolepsie, ou maladie de Gélineau, sont en tout cas aujourd'hui encore mal connues, même si un facteur génétiquegénétique et une relation avec le taux du neuropeptide hypocrétine (impliqué dans la régulation du sommeil) ont été décrits. La narcolepsie, caractérisée par une hypersomnie et une cataplexie, provoque des accès de sommeil imprévisibles et rapides pouvant survenir à toute heure de la journée, ainsi qu'une perte de tonus musculaire sous le coup d'émotions. Cette affection perturbe la vie des patients au quotidien, entraînant des situations gênantes voire dangereuses pour eux-mêmes ou leur entourage. Affection rare, estimée à 2 ou 3 cas pour 10.000 habitants, la narcolepsie serait en train de prendre de l'ampleur, au moins dans les pays nordiques.
En effet, en 2009, en Suède et en Islande où le vaccin était distribué, les cas de narcolepsie étaient également en augmentation, suscitant des interrogations. Pourtant, dans ces pays-là, le vaccin de GSK n'avait pas pu être incriminé puisque l'augmentation des cas de narcolepsie s'observait aussi au sein de la population non vaccinée. En France, le débat est toujours ouvert, car au moins six personnes, qui s'étaient fait vacciner quelques mois auparavant, avaient également été diagnostiquées narcoleptiques.
Alors le Pandemrix est-il réellement responsable de ces maladies ? Ce vaccin, commandé à hauteur de 94 millions de doses par le ministère français de la Santé, avait été largement dénigré par le grand public, l'estimant trop dangereux. Le vaccin, y compris ses adjuvantsadjuvants (squalène, DL-α-tocophéroltocophérol, polysorbate) et son excipientexcipient (thiomersal, comportant du mercuremercure), serait en tout cas « conforme aux recommandations de l'OMSOMS et à la décision de l'Union Européenne », selon son fabricant. Il appartient donc à chacun de choisir de se faire vacciner ou non, mais n'oublions pas que les vaccins, malgré leurs effets secondaires, ont permis l'éradication ou au moins une nette diminution d'un grand nombre de maladies, autrefois mortelles.