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Pour vivre vieux, vivons en moins bonne santé. C'est à peu près le constat d'une étude de très grande ampleur publiée dans le journal dédié à la santé The Lancet. Mobilisant près de 500 spécialistes répartis dans une cinquantaine de pays, elle révèle que l'humanité a gagné plus de 10 ans d'espérance de vie en moyenne sur les 40 dernières années. En contrepartie, l'augmentation notable des maladies liées à la vieillesse et au mode de vie (maladies cardiovasculaires, cancers, diabètes) réduit le confort et la qualité de vie.
Ce travail compare les données sur la mortalité émanant de 187 pays en 1970, 1990 et 2010. Sur l'ensemble de cette période, les hommes ont gagné 11,1 années d'espérance de vie (de 56,4 ans à 67,5 ans), quand les femmes ont fait encore mieux, l'âge moyen à la mort passant de 61,2 ans à 73,3 ans. Les Japonaises sont en tête avec une espérance de vie à la naissance de 85,9 ans quand, pour la gent masculine, les Islandais sont les mieux placés, avec 80 ans en moyenne. En queue de peloton, Haïti, victime en 2010 d'un terrible séismeséisme meurtrier abaissant l'espérance de vie à 32,5 ans pour les hommes et 43,6 ans pour les femmes.
Le mode de vie, principal facteur de décès prématurés
En 2010, 52,8 millions de personnes sont mortes dans le monde, soit 13,5 % de plus qu'en 1990 (46,5 millions) et 21,9 % de plus qu'en 1970 (43,3 millions). Le taux de mortalité augmente-t-il pour autant ? Pas si on se fie aux proportions, la population mondiale ayant presque doublé ces 40 dernières années.
On vit globalement de plus en plus vieux. Pour 179 des 187 pays étudiés, l'espérance de vie a augmenté. Cependant, les écarts entre les territoires où l'on meurt le plus tôt et ceux où l'on vit le plus longtemps restent les mêmes... © marmotte73, Flickr, cc by nc sa 2.0
Les causes de la mortalité mondiale ont beaucoup évolué durant ce laps de temps. Ainsi, les maladies liées à la vieillesse ou aux habitudes de vie sont responsables d'environ deux tiers des décès prématurés, loin devant les maladies infectieuses, qui représentaient une part plus importante dans les décès en 1990.
L'hypertension artérielle, souvent due à une mauvaise alimentation, le tabagisme et l'alcoolalcool ont tué plus de 20 millions de personnes en 2010. L'obésité était responsable de la mort de 3 millions d'êtres humains, tandis que la malnutrition et la sous-nutrition ont causé 1 million de décès cette année-là.
Les enfants s’en sortent mieux, pas les jeunes adultes
En net progrès en revanche : une baisse de 60 % de la mortalité infantile (16,4 millions de victimes en 1970, 6,8 millions en 2010). Certains pays comme la Sierra Leone y ont fortement contribué (-68,3 %). Une telle réussite est due au recul de la malnutrition, à l'amélioration des soins, à une meilleure protection contre les maladies (notamment grâce aux campagnes de vaccinations) ainsi qu'à une meilleure éducation des personnes, améliorant les conditions d'hygiène.
De tels efforts ont été couronnés de succès dans la mesure où les maladies infectieuses ont globalement reculé. Les plus meurtrières, à savoir le Sida, la tuberculose et le paludisme, tuent malgré tout plusieurs millions de personnes chaque année.
Plus inquiétant en revanche, la tranche d'âge entre 15 et 49 ans a vu sa mortalité augmenter de 44 % sur cette période. La faute principalement à trois facteurs : la hausse des homicides, le nombre plus important d'accidents de la circulation du fait de l'explosion du nombre d'automobilesautomobiles, mais aussi le SidaSida, qui a commencé ses ravages au début des années 1980. Pour cette catégorie de la population, les dégâts ont été immenses au Botswana, en Afrique du Sud, en Zambie ou au Zimbabwe, avec une mortalité augmentée de plus de 500 %. Les experts appellent donc à concentrer les efforts sur cette classe d'âge.