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Les biberons en plastique contenant du bisphénol A sont déjà interdits dans quelques pays. © Mil / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)
Dans un nouveau communiqué, l'EFSA (European Food Safety Authority) annonce que les scientifiques du groupe CEF (groupe scientifique sur les matériaux en contact avec les aliments, les enzymesenzymes, les arômes et les auxiliaires technologiques) « n'avaient pu identifier aucune nouvelle preuve qui les amènerait à reconsidérer la dose journalière tolérabledose journalière tolérable (DJT) existante pour le bisphénol A (BPA) ». Ils ont également déclaré que « les données actuellement disponibles n'apportaient pas d'éléments probants concernant une toxicité neurocomportementale du BPA ».
Un doute émis suite à des études sur des animaux
Toutefois, un membre du groupe scientifique plus suspicieux a déclaré que certaines publications scientifiques apporteraient des doutes quant aux effets indésirables sur la santé du BPA à un niveau inférieur à celui utilisé pour établir la DJT actuelle. Des études chez les animaux révèleraient des modifications biochimiques au niveau du système nerveux central, des effets sur le système immunitaire et une sensibilité accrue au cancer du sein. Ces études ne pourraient toutefois pas être prises en compte car elles présenteraient des lacunes.
Le doute émis serait alors insuffisant pour revoir à la baisse la DJT actuelle (à 0,05 milligramme par kilogrammekilogramme de poids corporel), qui devrait néanmoins rester temporaire et être redéfinie dès que de nouvelles données probantes seront disponibles.
Cette nouvelle évaluation avait été commandée par la Commission européenne au vu des 800 nouvelles études scientifiques effectuées par des scientifiques du monde entier sur la dangerosité de la moléculemolécule. Elle ne permet donc toujours pas de conclure définitivement ce débat, devenu houleux depuis quelques années car il voit s'affronter d'un côté la santé des particuliers et de l'autre les intérêts des industriels.
Le bisphénol A, une molécule interagissant avec des récepteurs à œstrogène, n'a certainement pas fini de faire couler de l'encre. © DR
Interdit dans plusieurs pays
Cette molécule contenue dans beaucoup de plastiquesplastiques alimentaires est devenue en quelques années une source d'inquiétude alimentaire majeure. Elle est notamment connue pour diffuser de l'emballage vers la nourriture, principalement lorsque le tout est chauffé au four à microondes, affolant les jeunes parents utilisant pour leur enfant des biberons au bisphénol A.
Les inquiétudes pour la santé des consommateurs étaient nées au Canada, où un rapport des autorités mettait en avant des résultats expérimentaux obtenus chez l'animal et qui impliquaient certains effets sur le système nerveux et hormonal des fœtus, des nouveau-nés et des petits. En effet, sa formule chimique, mimant celle des œstrogènesœstrogènes, le classe dans la catégorie des perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens. Selon certains travaux, le BPA limiterait ainsi la fertilité et accélérerait la pubertépuberté.
De nombreuses études, souvent contradictoires, ont eu lieu par la suite, assurant ou niant les effets cancérigènes, neurotoxiques et reprotoxiquesreprotoxiques de la molécule. Bien que la plupart aient été effectuées sur des animaux, certaines ont également démontré chez l'homme un lien entre certaines maladies cardiovasculaires ou le diabètediabète de type 2 et une plus forte quantité de bisphénol Abisphénol A dans les urines.
Depuis juin 2010, à la suite d'un rapport de l’Inserm lui aussi peu concluant, la France a finalement interdit la commercialisation et la fabrication de biberons contenant du bisphénol A. Le Danemark quant à lui a frappé plus fort : le BPA est désormais interdit dans tous les produits alimentaires destinés aux enfants de moins de 3 ans. L'Australie et certains états des États-Unis ont eux aussi banni cette molécule des biberons.
L'innocuité d'un produit est toujours plus difficile à montrer que sa dangerosité, et en ce qui concerne la santé publique, le principe de précautionprincipe de précaution mérite certainement d'être pris. Rappelons que la molécule est retrouvée dans les urines de 90 % de la population.