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Alors que la France est poursuivie par la Commission européenne pour son manque d'efficacité dans la protection des nappes phréatiquesnappes phréatiques contre les nitrates, voilà que l'eau minérale en bouteille pourrait aussi contenir les traces d'une contamination par des moléculesmolécules d'origine humaine. C'est du moins ce que pointe du doigt une étude menée conjointement par 60 millions de consommateurs et la fondation France Libertés.
Sur les 47 bouteilles analysées, 10 présentaient soit des résidus de pesticides, soit des traces de médicaments. Mais comme le précise à l'AFP Thomas Laurenceau, rédacteur en chef du magazine, on est dans l'ordre de l'« ultratrace », des doses infimes qui ne remettent pas en cause l'honnêteté des embouteilleurs ni la potabilité de l’eau. Cependant, il invite à prendre des mesures dès maintenant pour éviter que les taux ne dépassent les normes en vigueur.
Des médicaments dans 6 bouteilles, des pesticides dans 4 autres
Si l'on détaille les résultats de l'enquête, on remarque que l'eau en bouteille de cinq marques présentait du tamoxifène, une hormone de synthèse, principal traitement du cancer du sein. Deux médicaments vasodilatateurs, le buflomédil et le naftidrofuryl, ont chacun été détectés dans une bouteille différente. En ce qui concerne les pesticidespesticides, seules deux molécules, émanant de désherbantsdésherbants interdits depuis 2001, ont été mis en évidence dans quatre bouteilles : l'atrazine et l'hydroxyatrazine.
L'eau est indispensable à la vie. Mais si elle contient trop de polluants, elle pourrait aussi s'avérer nocive... © Fir0002, Wikipédia, cc by sa 3.0
Trois bonbonnes à eau ont également été testées. Dans l'une d'elles, les analyses ont montré la présence de diéthylphtalate, un plastifiant diminuant la fertilité et favorisant le développement de tumeurs. Une deuxième contenait quant à elle un cocktail douteux, avec du bisphénol A mélangé à de l'atrazine et à un retardateur de flamme.
Enfin, dix échantillons d'eau du robinet, prélevés dans trois départements, ont révélé entre 1 et 4 des 85 molécules recherchées par ces tests. On y trouvait principalement des pesticides, mais aussi, en milieu urbain, du tamoxifène une fois encore.
La contre-expertise nie la présence de médicaments dans l’eau
En réponse à ces révélations, les embouteilleurs organisent la riposte. Ils ont dans un premier temps critiqué les résultats fournis par 60 millions de consommateurs et France Libertés, qui a réitéré la manipulation afin d'éviter les risques de faux positifs (des échantillons que l'on juge positifs malgré l'absence de la molécule recherchée).
La Chambre syndicale des eaux minérales naturelles a alors entrepris de mener la même analyse en faisant appel à un laboratoire indépendant du CNRS, rattaché à l'université de Bordeaux. Cette contre-expertise, réalisée avec des outils qu'ils qualifient de pointus et très précis, révèle effectivement la présence de quelques traces de pesticides dans les eaux en bouteille, à des taux qui ne dépassent pas les normes en vigueur. En revanche, aucune trace de principe actifprincipe actif de médicament.
Les embouteilleurs précisent que la qualité de l’eau va même « au-delà de ce qu'exige la réglementation ». Ceux qui ont révélé cette affaire ne le nient pas. Ils demandent simplement que des mesures soient mises en œuvre dès à présent pour éviter que l'eau devienne polluée au point d'être impropre à la consommation.