L’obésité réduirait la fertilité par le biais de l’insuline, en dérégulant les hormones fertilisantes. Ces données, obtenues chez la souris, pourraient néanmoins mener à mieux prendre en charge les femmes en surpoids souhaitant avoir un enfant.

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    L'obésité est depuis longtemps considérée comme un facteur pouvant affecter gravement la fertilité. Si le lien est établi avec certitude, les scientifiques n'en connaissent pas la cause exacte. L'obésité est souvent associée à une résistance à l'insuline des cellules des muscles ou du foie. Certains soupçonnaient donc cette résistance à l'insuline d'être également retrouvée au niveau des glandes responsables de la sécrétion des hormoneshormones dites fertilisantes.

    La glande majoritairement impliquée dans la sécrétion des hormones fertilisantes est l'hypophysehypophyse. Cette petite glande est située dans le cerveaucerveau et synthétise, entre autres, l'hormone lutéinisantehormone lutéinisante (ou LH), responsable de l'ovulation qui survient quelques jours après le pic de sécrétion.

    Un groupe de chercheurs de l'université Johns-Hopkins à Baltimore mené par Andrew Wolfe est tombé par hasard sur le lien entre l'infertilitéinfertilité et l'obésité. L'équipe cherchait simplement à vérifier chez les souris obèses si l'hypophyse était également insensible à l'insuline, à l'image d'autres organes. Dans ce but, les biologistes ont créé des souris transgéniquestransgéniques dont le gènegène du récepteur de l'insuline est absent, mais uniquement dans l'hypophyse. Sans ce récepteur à la surface des cellules, l'hormone ne peut pas transmettre son message.

    L'hypophyse (en orange) est une petite glande au sein du cerveau, responsable de la sécrétion des hormones fertilisantes. © Patrick J. Lynch / Licence Creative Commons

    L'hypophyse (en orange) est une petite glande au sein du cerveau, responsable de la sécrétion des hormones fertilisantes. © Patrick J. Lynch / Licence Creative Commons

    Traiter le syndrome des ovaires polykystiques ?

    Les souris de Andrew Wolfe ont alors été analysées et comparées à des souris non transgéniques. Lorsque les deux lignées sont soumises à un régime calorique ordinaire, elles paraissent normales : le poids et la fertilité sont similaires. Mais lorsqu'elles sont soumises à un régime hypercalorique pour les forcer à devenir obèses, des différences apparaissent. Sans surprise, les souris non transgéniques obèses développent des difficultés à obtenir une progéniture, avec 6 fois moins de réussite que les souris minces. Elles sont également très sensibles à des stimulationsstimulations de GnRH (gonadolibérinegonadolibérine) ou d'insuline, ce qui provoque des pics de LH très importants.

    De manière surprenante, les souris transgéniques soumises au régime hypercalorique ont, quant à elles, un taux de fertilité proche des souris soumises à un apport calorique normal. Ce résultat montre que le récepteur de l'insuline, et donc l'insuline elle-même, est responsable des dérégulations hormonales chez les souris obèses. L'hypophyse n'est donc pas insensible à l'insuline en cas d'obésité, comme le sont le foie ou les muscles, mais elle est au contraire hypersensible. Le taux de LH augmente alors et dérégule par voie de conséquence l'ensemble du cycle hormonal.

    Cette découverte, publiée dans la revue Cell Metabolism est intéressante pour les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques, une anomalieanomalie des ovairesovaires qui touche environ une femme sur 10 (c'est la première cause d'infertilité), et encore davantage les femmes en surpoidssurpoids ou atteintes de diabètediabète de type 2. Le syndromesyndrome est caractérisé par des taux de LH élevés et une maturation inachevée des folliculesfollicules ovariens, n'aboutissant donc pas à une ovulationovulation complète. Si les résultats se transposent chez la femme, de nouveaux types de traitements contre l'infertilité pourraient voir le jour.