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La consommation de cresson d'eau pourrait avoir un effet bénéfique sur le cancer du sein, en limitant l'apport d'oxygène vers les tissus tumoraux. Crédits DR
Il semble de plus en plus que la nourriture ait un réel impact sur notre santé. Si certains aliments semblent néfastes (trop de cholestérol associé à des problèmes cardio-vasculaires), d'autres semblent au contraire être bénéfiques et pouvoir déjouer certaines maladies. Dans le cas du cancer du sein, l'huile d’olive et les brocolis seraient de bons alliés. Deux études, présentées au Breast Cancer Research Conference à Nottingham, rajoutent le cresson d'eau à cette liste.
Consommée en salade à tout moment de l'année, cette plante potagère contient naturellement une moléculemolécule appelée phénéthyl-isothiocyanate ou PEITC. Celle-ci appartient à une famille de molécules caractérisés par un atomeatome de carbonecarbone impliqué dans deux double-liaisons, l'une avec un atome de souffre, et l'autre avec un atome d'azoteazote (N=C=S), et semble être l'élément clé.
Les travaux publiés dans le journal Biochemical pharmacology et effectués à l'université de Southampton ont permis de mieux caractériser l'effet moléculaire imputé au PEITC. Il serait capable de réduire l'activité de la protéine 4E-BP1 en diminuant son état de phosphorylation. En temps normal, la protéine 4E-BP1 active la traduction et donc l'expression de certains gènes. En présence de PEITC, certains gènes sont donc moins exprimés.
C'est le cas de la protéine HIF (pour hypoxia inducible factor). La synthèse de cette protéine est activée en cas de manque d'oxygène (hypoxiehypoxie), son rôle étant d'activer les gènes impliqués dans la constructionconstruction de nouveaux vaisseaux sanguins. Ces gènes appelés pro-angiogéniques sont nécessaires au développement des tumeurstumeurs, car les cellules cancéreuses sont très demandeuses en oxygène et en nutrimentsnutriments.
Une salade de cresson pourrait être recommandée pour réduire le développement des tumeurs. © www.foodnetwork.com
Un effet dans les 24 heures
Le lien entre le PEITC et la réduction du développement des tumeurs est donc maintenant clairement établi. C'est dans ces conditions qu'une seconde étude a également été menée sur ce sujet, dans le même laboratoire, et publiée dans le journal British journal of nutrition.
Cette fois-ci, les chercheurs se sont intéressés non plus à l'effet du PEITC lui-même, mais à celui du cresson d'eau. Des études in vitroin vitro ont d'abord montré qu'un extrait brut de cresson (obtenu par broyage) diminue la prolifération des cellules tumorales et l'activité de la protéine HIF. Après cette petite victoire, les chercheurs ont donné à manger 80 grammes de cresson d'eau à 9 volontaires en bonne santé, mais qui avaient été traitées pour un cancer du sein.
Dans les 24 heures suivantes, plusieurs analyses sanguines ont montré la présence d'un taux élevé de PEITC. A 6 et 8 heures, l'analyse des cellules sanguines par cytométrie a permis de montrer un état de phosphorylation de la protéine 4E-BP1 inférieur chez quatre volontaires. Si l'on suit le raisonnement en chaîne précédent, cela pourrait avoir un effet bénéfique contre une tumeur, en éteignant la protéine HIF et les gènes pro-angiogéniques.
En conclusion, ces deux publications apportent des arguments en faveur de l'effet anti-cancer de la consommation de cresson, mais méritent la réalisation d'études complémentaires sur un plus grand nombre de personnes.