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Le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme et le plus mortel, preuve de son agressivité. Ses causes sont multiples. On met en cause par exemple les œstrogènes dans la majorité des cas. © Annie Cavanagh, Flickr, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0
- À lire, les découvertes présentées au congrès de l'Asco
C'est probablement là l'une des présentations les plus remarquables de l'édition 2012 du congrès de la Société américaine d'oncologie clinique (Asco) de Chicago (États-Unis). La combinaison en un seul traitement de deux moléculesmolécules - un anticorps monoclonalmonoclonal et un agent de chimiothérapie - a permis de ralentir la progression de certains cancers du sein avancés. Et ceci avec une faible toxicité.
Emilia est un essai clinique de phase III, qui a porté sur 980 femmes atteintes d'un cancer du sein HER2 positif. Plus agressif et davantage susceptible de provoquer des métastases, ce type de cancer représente environ 20 % des cas de cancers du sein. Jusqu'à aujourd'hui, les patientes étaient traitées par le trastuzumab (Herceptin), un anticorps monoclonal qui a littéralement bouleversé la prise en charge de ces cancers durant les années 2000. À Chicago, suite à la présentation de cet essai clinique auquel plus d'une centaine de services hospitaliers ont collaboré, les spécialistes estiment qu'une nouvelle révolution est en marche.
Sous le nom de TT-DM1 se cache un véritable missilemissile anticancer. Il est composé du trastuzumab et d'une autre substance, l'emtansine, un produit si toxique que les oncologuesoncologues refusaient de l'administrer à leurs patients. L'assemblage de ces substances constitue ce que l'on appelle un conjugué anticorps-médicament (antibody-drug conjugate, ou ADC en anglais).
TDM-1, le cocktail gagnant
Son mode d'action repose sur le blocage du récepteur HER2 spécifique à ces cancers, grâce au trastuzumab, et sur la délivrance d’une chimiothérapie à l'intérieur même des cellules cancéreuses. Ainsi les cellules saines sont épargnées, selon les auteurs de l'essai. Pour mesurer l'efficacité de cette nouvelle approche, une équipe internationale a donc suivi 980 femmes. Toutes souffraient d'un cancer HER2 positif, métastasé. La moitié s'est vu administrer le T-DM1, les autres recevant un traitement classique à base de capecitabine et de lapatinib.
Au centre de cette image, Kimberley Blackwell est l'une des auteurs de cette étude. Elle l'a présentée lors du 48e congrès de l'Asco, à Chicago. © Destination Santé
La survie sans progression de la maladie s'est établie à 9,6 mois dans le groupe T-DM1, alors qu'elle n'est que de 6,4 mois dans l'autre groupe, ce qui correspond à une réduction du risque d'aggravation de 35 %. Les effets secondaires ont également été moins nombreux, puisque 40 % des femmes du groupe traité par le T-DM1 en ont rapporté, contre 57 % des autres patientes. Et surtout, aucune des femmes du premier groupe n'a perdu ses cheveux.
Une chimiothérapie plus efficace avec moins d’effets secondaires
« Cette étude a démontré une amélioration significative sur la survie sans progression de la maladie, comme sur la tolérance, explique Véronique Dieras, de l'Institut Curie. C'est très encourageant et cela constitue une nouvelle étape dans la prise en charge de ces patientes. » Pour sa part, Kimberly Blackwell du Duke Cancer Institute de Durham, en Caroline du Nord, a particulièrement insisté sur la bonne tolérance du nouveau traitement. « Je prends en charge de nombreuses patientes atteintes d'un cancer du sein, et je me réjouis de voir que ce médicament est peu toxique. Les malades, par exemple, ne perdent plus leurs cheveux. »
Le cancer du sein est la forme de cancer la plus répandue chez la femme. Chaque année, environ 1,4 million de nouveaux cas sont diagnostiqués dans le monde, et plus de 450.000 patientes décèdent de la maladie. En France plus de 53.000 cancers du sein sont enregistrés chaque année. Quant au nombre de décès, il est estimé à 11.500 par an.