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Criquet pèlerin (Niger). Crédit : Christiaan Kooyman
Parmi les conclusions d'une récente conférence de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agricultureagriculture (FAOFAO), qui réunissait une trentaine de scientifiques de 15 pays à Chiang Mai (Thaïlande) figure... la pertinence de l'utilisation des insectesinsectes comme ressource alimentaire. D'ailleurs, font remarquer les scientifiques, ceux-ci font déjà partie intégrante de l'ordinaire de nombreuses populations, et ce depuis des millénaires.
Selon l'entomologisteentomologiste néerlandais Arnold van Huis, seuls les préjugés occidentaux écartent les insectes de l'aide humanitaire. « Les Occidentaux doivent vraiment changer, clame-t-il. J'exhorte d'autres organisations humanitaires à adopter une attitude différente à l'égard de cette (...) excellente nourriture, qui peut être durable moyennant certaines précautions ».
De fait, l'entomophagie - ou la consommation des insectes à des fins alimentaires - est très répandue dans le monde. On peut même affirmer qu'elle est pratiquée par la majorité des humains de cette planète. Dans de nombreux pays, comme le Pérou, l'Afrique du Sud, la Thaïlande, l'Indonésie, la Chine, l'Australie, le Japon ou encore le Mexique, elle fait partie des mœurs alimentaires au même titre que la viande et le fromage en France. Et elle s'impose non seulement par besoin mais aussi par plaisir, les insectes se révélant être délicieux.
Combien avez-vous mangé d'insectes cette semaine ? Plus d'un...
Mais une répulsion instinctive trouve son origine dans notre enfance, car il nous a été enseigné que les insectes sont sales, dégoûtants, répugnants... Sentiment que curieusement, nous n'éprouvons pas devant un escargot, qui effarouche les Britanniques. Pourtant... nous mangeons tous des insectes ! Leur consommation est même - sévèrement - réglementée en France. La loi autorise en effet un maximum de 75 fragments d'insectes pour 50 grammes de farine de bléblé (essentiellement représentés par des ténébrions), 30 œufs pour 100 grammes de pâte à pizza ou encore 2 larveslarves par boîte de maïsmaïs. Nous avons donc toujours mangé des insectes, sans nous en porter plus mal.
Selon le biologiste allemand V.B. Meyer-Rochow, les populations défavorisées ou en état de crise alimentaire pourraient tirer parti des invasions de criquets pèlerins qui ravagent régulièrement leurs récoltes. Il suggère de récolter les nuagesnuages d'insectes lors de leurs migrations, qui rassemblent des milliards d'individus pour une masse pouvant atteindre 400.000 tonnes, puis de les traiter et de les réduire en une pâte pouvant être utilisée comme complément alimentaire.
Les Indiens de l'Utah consomment depuis toujours cette manne venue du ciel, et peuvent ramasser - à la main - jusqu'à 8 kgkg de criquets pèlerins en une heure, ce qui représente 23.500 caloriescalories à la disposition de la tribu !
Reste que dans nos contrées occidentales, la consommation d'insectes n'a pas toujours connu les mêmes tabous. Curieusement, il a d'ailleurs été démontré que l'abandon de certaines de ces pratiques pouvaient être corrélé avec l'apparition de maladies liées à la nutrition.
Des insectes au menu ?
Durant le colloque, des scientifiques américains, australiens et néerlandais ont fait remarquer qu'il existe de plus en plus de lieux de restauration dévolus à la cuisine des insectes, ce qui pourrait indiquer un retour à cette pratique. L'intérêt n'est pas bénin, car l'abandon de certains tabous dans nos contrées pourrait laisser envisager plus librement des solutions efficaces dans le domaine de l'aide alimentaire, parfaitement en phase avec les pratiques ancestrales des populations concernées, et que nous répugnons d'aborder par simple préjugé.
Tina Van Den Briel, nutritionnistenutritionniste pour le programme d'aide alimentaire mondial, doute pour sa part que les insectes puissent devenir une source alimentaire fiable en raison de leur caractère saisonnier et de leur durée de conservation limitée. Mais « ils peuvent constituer un très bon complément alimentaire » reconnaît-elle, estimant qu'il serait peut-être plus judicieux de les utiliser en les ajoutant à l'alimentation des animaux ou en les réduisant en farine afin de produire des gâteaux.