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Yann Arthus-Bertrand, le photographe de La Terre vue du ciel et fondateur de l'association GoodPlanet est à Rio de Janeiro à l'occasion du sommet de la Terre Rio+20. L'association y rencontre, entre autres, des ONG et on peut suivre l'actualité sur le blogblog GoodPlanet.Info. Elle vient aussi présenter Planète Océan, un documentaire sur la vie océanique, de ses origines, les stromatolithes, jusqu'à la surexploitation par l'espèce humaine. « La planète est à moi. Et maintenant, où je vais ? » nous dit le narrateur.
C'est toute la question posée à cette réunion mondiale sur le développement durable où les dirigeants d'une centaine de pays discutent de mesures à prendre pour vivre ensemble sur cette petite Planète bleue sans trop l'abîmer.
De l'accès à l’eau à la mise en place d'une économie vraiment durable, les sujets de discussion sont nombreux, tout autant que les points d'achoppement, à l'heure où l'on préfère en général parler de crise économique. Beaucoup se disent pessimistes sur la conclusion des dernières 72 heures entre mercredi 20 et vendredi 22 juin. Yann Arthus-BertrandYann Arthus-Bertrand partage ce sentiment...
Planète Océan : un film de 90 minutes réalisé par Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot, en association avec la fondation Tara et Omega (Hope Production). © Fondation GoodPlanet/Hope Production/YouTube
Futura-Sciences : Pensez-vous qu’il sortira de bonnes choses de cette réunion ?
Yann Arthus-Bertrand : Je n'y crois pas... J'ai cru à Copenhague. J'ai cru à Cancùn. Et avant cela le sommet de Rio en 1992 avait été un énorme moment d'optimisme. Mais depuis peu de choses ont été faites. C'est le bilan que nous avons fait dans notre dernier livre, 20 ans après... La Terre ?. En France par exemple, on n'arrive pas à résoudre le problème des algues vertes en Bretagne. Et l'on commence seulement à admettre que les moteurs diesel sont dangereux... À l'échelle de la planète, la surpêche est une catastrophe, surtout avec l'explosion des pavillons de complaisance, quand 1 % de la flotte réalise 50 % des prises. Je suis persuadé qu'il faudrait une gouvernance mondiale pour régler ce genre de problème.
Des progrès ont été réalisés, tout de même, non ?
Yann Arthus-Bertrand : Oui, bien sûr, il y a eu des petits pas. Mais il faut être plus radical. Actuellement, nous sommes dans le déni collectif. C'est très difficile de demander à des pays de faire ce qu'ils ne veulent pas faire... Ici, au Brésil, les problèmes de grande ampleur, par exemple avec la déforestationdéforestation et le nouveau code forestier. Ce pays en est à 3,5 ou 4 % de croissance annuelleannuelle. Dans le monde, beaucoup adoreraient polluer comme la Chine ! L'ampleur de notre impact est devenue énorme. Rendez-vous compte, l'Homme et les animaux domestiques représentent 98 % de la massemasse de vertébrésvertébrés sur Terre.
L'affiche du film Planète Océan (titre français). Le film sera présenté en avant-première à Rio ce 19 juin et sera ensuite diffusé à la télévision dans différents pays puis sera mis gratuitement à la disposition des réseaux éducatifs, des institutions publiques et des ONG. © Fondation GoodPlanet
Cette réunion de Rio est donc inutile ?
Yann Arthus-Bertrand : Il y a des rencontres utiles. Nous ne ferons pas que présenter notre film. Nous allons aussi rencontrer des ONG. Il y a de bonnes questions posées, comme l'accès à l’eau potable. Chacun fait son travail, pour aller dans le bon sens, avec ses moyens.
Est-ce un combat politique ?
Yann Arthus-Bertrand : En un sens oui, mais je ne crois pas beaucoup à l'écologieécologie politique. Pour moi, elle est morte. Il n'y a pas d'un côté les bons et de l'autre côté les méchants. On a souvent trop tendance à demander à l'autre ce qu'on rechigne à faire soi-même...
Que peut-on faire alors ?
Yann Arthus-Bertrand : Il faut agir. Agir rend heureux ! Il faut aimer les gens, aussi. Pour moi, être écolo, c'est aimer les gens, c'est aimer la vie. C'est respecter ce qui se trouve autour de nous. C'est ce qu'explique très bien Jeremy Rifkin. Il faut de l'empathieempathie !