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Étendue couverte de neige caractéristique du plateau antarctique. Ce continent fait environ 14 millions de km² dont 98 % sont recouverts d'une couche de glace d'une épaisseur moyenne de 1,6 km. © Jean-Charles Gallet, LGGE
L'énergieénergie solaire absorbée par la surface du continent antarctique dépend de l'albédo de la neige, c'est-à-dire de sa blancheur. L'albédo dépend quant à lui de l'état de la neige. Phénomène bien connu des physiciensphysiciens, les fines particules qui composent la neige, une fois déposées en surface, tendent à grossir d'autant plus vite que la température est élevée. Ce grossissement induit une diminution de l'albédo, ce qui a pour conséquence d'augmenter les températures. Les climatologuesclimatologues ont toujours eu conscience de l'importance de cette rétroaction positive.
Mais d'après les nouveaux travaux de chercheurs du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (LGGE, CNRS et université Joseph FourierJoseph Fourier Grenoble) et de l'unité mixte internationale Takuvik (CNRS et université de Laval), cet effet est partiellement compensé par une rétroaction négative sous-estimée jusqu'à présent. En effet, grâce à des satellites observant la surface de l'Antarctique dans les longueurs d'ondelongueurs d'onde micro-ondes, les scientifiques ont montré que, lors des étés marqués par des chutes de neige estivales fortes, l'albédo n'avait pas changé significativement : la surface était recouverte de grains de neige fins se renouvelant constamment.
Évolution de l'état de surface (grain index) vue par les satellites micro-onde depuis 1999 à la base franco-italienne Concordia en Antarctique. Les années 2002 et 2008 sont remarquables par un faible grossissement des grains. Les données météorologiques indiquent aussi des précipitations exceptionnelles pour ces deux années. Le grain index introduit dans cette étude est une combinaison de données satellite représentant approximativement la taille des grains dans les premiers centimètres du manteau neigeux. © LGGE (CNRS / UJF)
Les prévisions du réchauffement en Antarctique revues à la baisse
Or, dans le futur, on peut s'attendre à une augmentation de la précipitation neigeuse en Antarctique. Il est bien connu que, lorsque les températures sont très basses, l'airair est sec et les précipitations neigeuses peu importantes. En Antarctique, un réchauffement climatique augmentera donc aussi les précipitations.
D'après les chercheurs, dans un scénario climatique où la température du continent antarctique s'élèverait de 3 °C, l'accroissement des précipitations augmenterait l'albédo de 0,4 %. Ceci compenserait les 0,3 % de diminution de l'albédo dus à la montée des températures (boucle de rétroactionboucle de rétroaction positive). Ainsi, malgré un réchauffement important de l'Antarctique, l'albédo ne variera que très peu sur une grande partie de ce continent.
La boucle de rétroaction positive température-albédo ne s'établissant pas, le réchauffement climatique sur le continent antarctique sera moins marqué que prévu. Les prévisions de réchauffement devraient être revues à la baisse de 0,5 °C pour le centre du continent austral. Ces recherches, publiées dans la revue Nature climate change, soulignent qu'il est encore nécessaire d'améliorer les modèles de neige utilisés aujourd'hui pour prédire l'évolution climatique future.