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Depuis que le télescope spatial Hubble est en orbite, les astronomesastronomes et les cosmologistes ont sans cesse cherché à repousser les limites dans l'espace et dans le temps des observations qu'il permet. En 1995, déjà, l'instrument montrait, sur une petite partie de la voûte céleste, des milliers de galaxies telles qu'elles étaient il y a environ 10 milliards d'années et même plus. Les astronomes avaient pour cela enregistré un à un, pendant dix jours, les photons en provenance d'une partie de la constellation de la Grande Ourse, dont la taille angulairetaille angulaire correspondait à celle d'une balle de tennis vue à 100 mètres. Ces observations avaient été rassemblées en une image devenue célèbre et baptisée champ profond de Hubble ou, en anglais, Hubble Deep Field (HDF).
Une vidéo sur le HUDF, Hubble Ultra Deep Field. Crédit : Esa/Hubble (M. Kornmesser & L. L. Christensen)
De septembre 2003 à janvier 2004, les chercheurs ont récidivé en plongeant encore plus profondément dans l'espace et le temps, brisant au passage la limite des 12 milliards d'années-lumièreannées-lumière et s'aventurant même dans le premier milliard d'années de l'UniversUnivers observable. L'image obtenue a logiquement été baptisée Hubble Ultra Deep Field (HUDF), c'est-à-dire champ ultra-profond de Hubble. Elle montre cette fois une région de la constellation du Fourneau dont la taille angulaire est celle d'un grain de sablesable vu à bout de bras !
Des ancêtres naines
Les choses n'en sont pas restées là depuis le rétablissement de Hubble et la mise en place de la nouvelle version de la caméra à grand champ, la Wide Field Camera 3 (WFC3). Cet outil avait permis de confirmer les observations déjà affinées à l'aide de Spitzer.
Une nouvelle étude du HUDF a donc été réalisée et si elle montre maintenant plus nettement beaucoup de galaxies vieilles de plus de 13 milliards d'années, cela ne change pas l'essentiel des informations qui avaient déjà été déduites des images précédentes, de moindre qualité.
Il n'en reste pas moins que le HUDF de 2009 est l'image la plus lointaine des galaxies dans le domaine du proche infrarougeinfrarouge et, combinée à celle du HUDF de 2004 obtenue dans le visible, elle repousse les limites de ce que l'on sait de l'Univers juste après la fin des âges sombresâges sombres et la période de la réionisationréionisation.
On voit toujours des galaxies nainesgalaxies naines dont la taille est d'environ un vingtième de celle de la Galaxie avec une couleurcouleur particulièrement bleue. Cela est conforme aux prédictions du modèle hiérarchique de la formation des galaxies, découlant de l'existence de la matière noirematière noire froide.
Les premières galaxies sont bien des naines, pauvres en métauxmétaux et en poussières, ce qui explique que le rougissement associé aux galaxies plus récentes par l'absorptionabsorption de la lumière des étoilesétoiles par la matière du milieu interstellaire y soit bien moindre. Ces galaxies naines vont ensuite entrer en collision et fusionner, selon un processus d'accrétionaccrétion rappelant la formation des planètes du Système solaireSystème solaire à partir des planétésimaux. Au cours du temps, la taille des galaxies doit donc croître et elles doivent se rassembler en amas puis en super amas.
La lumière des galaxies les plus lointaines a cependant été si décalée vers le rouge qu'elle se trouve dans la région du proche infrarouge et qu'il est difficile pour Hubble d'effectuer une spectroscopie précise. Cela signifie qu'il reste des incertitudes sur les distances exactes de ces galaxies et, surtout, qu'il faudra attendre la mise en orbite du successeur de Hubble, le télescope James Webb, pour confirmer que certaines des galaxies observées sont bien à 13,1 milliards d'années-lumière et, également, pour obtenir des images d'objets plus anciens encore.
Les données obtenues avec la WFC3 confirment aussi que le taux de formation des étoile dans ces galaxies naines était trop faible pour soit produite suffisamment de lumière ultraviolette pour réioniser l'Univers autant qu'il l'était à cette époque. Il faudrait donc faire intervenir l'influence des premiers quasarsquasars, à moins qu'une génération de protogalaxies bien plus lumineuses n'ait précédé celle observée aujourd'hui par Hubble.
Que de chemin parcouru par l'astronomie depuis la mort d’Hypathie d’Alexandrie !