Sur Mars, Curiosity a fait tourner sa brosse pour la première fois, nettoyant un rocher de sa poussière et préparant ainsi une observation spectrométrique. C’est la vraie nouveauté après le buzz de la « fleur », infime affleurement blanchâtre que des internautes avaient repéré sur une ancienne image.

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    Le rover Curiosity continue son travail de géologue sur la planète Mars, au fond du cratère Gale. Il vient, pour la première fois, d'utiliser une brosse (le DST, Dust Removal Tool). Déjà présent sur les rovers Spirit et Opportunity, cet instrument installé au bout du bras dépliable prépare la mise en œuvre du spectromètre à rayons X APXS (Alpha Particle X-ray Spectrometer).

    L'engin a correctement décapé une zone circulaire de quelques centimètres de diamètre sur le rocher baptisé Ekwir_1. Les ingénieurs du Jet Propulsion Laboratory (JPL) semblent satisfaits de ce dépoussiérage, bien visible sur l'image saisie par l'appareil photo « macro » Mahli (Mars Hand Lens Imager), fixé lui aussi au bout du bras, sur le porteporte-outil. Les deux images publiées sur le site de la Nasa montrent en effet une roche bien mise à nu et bien propre. Il ne reste plus qu'à mettre en action l'instrument APXS. Ce spectromètre, qui travaille à seulement 2 cm du matériaumatériau, détectera et dosera les éléments lourds contenus dans le roc.

    Le dépoussiérage du rocher Ekwir_1 par la brosse rotative (le DST, <em>Dust Removal Tool</em>) de Curiosity permet désormais l'analyse de la roche elle-même par le spectromètre APXS. © Nasa, JPL-Caltech, <em>Malin Space Science System</em>

    Le dépoussiérage du rocher Ekwir_1 par la brosse rotative (le DST, Dust Removal Tool) de Curiosity permet désormais l'analyse de la roche elle-même par le spectromètre APXS. © Nasa, JPL-Caltech, Malin Space Science System

    À la recherche d'éléments lourds dans la roche

    APXS, qui a déjà servi pour étudier de près Jake Matijevic, le rocher en forme de pyramide, inclut deux instruments : une sonde à particules alpha (Pixe, Particle-Induced X-ray Emission) et un spectromètre à fluorescence X. Le premier émet des particules alpha (constituées de deux protonsprotons et deux neutronsneutrons) provenant d'un bloc de curiumcurium 244, et le second des rayons X grâce à une source de plutoniumplutonium 240. Un détecteur mesure les rayons X émis par le matériau lui-même sous l'effet de ces bombardements. L'analyse repère les signatures spectrales de différents éléments atomiques. Le Pixe détecte les atomesatomes allant du sodiumsodium au calciumcalcium, et la fluorescence X est le bon outil du calcium au zirconiumzirconium.

    C'est donc une large gamme d'éléments que pourra détecter APXS. Ses informations, qui renseignent sur la nature des minérauxminéraux, sont cruciales pour choisir, ensuite, les sites de prélèvements.

    La « fleur » de Mars repérée par hasard sur une image de l'appareil photo Mahli et publiée sans traitement sur le site de la Nasa. Cette petite structure minérale n'a pas été étudiée. © Nasa, JPL-Caltech, <em>Malin Space Science System</em>

    La « fleur » de Mars repérée par hasard sur une image de l'appareil photo Mahli et publiée sans traitement sur le site de la Nasa. Cette petite structure minérale n'a pas été étudiée. © Nasa, JPL-Caltech, Malin Space Science System

    Curiosity attise toujours la curiosité

    Les images de ses différents appareils photo, publiées sur le site de la NasaNasa, passionnent de nombreux internautes à la recherche d'éléments bucoliques. Ce fut le cas il y a quelques jours avec un détail repéré sur une image saisie le 19 décembre par Mahli et livrée sans traitement. Un observateur minutieux y a décelé une petite formation blanche, assez curieuse, et l'a publiée sur le blogblog Mashable. Reprise par d'autres blogs, dont celui de NBC News, cette image est devenue celle d'une « fleur ». L'expression a eu beaucoup de succès et un porte-parole du JPL, Guy Webster, a dû confirmer à NBC News qu'il ne s'agissait pas, bien sûr, d'une fleur martienne, ni même d'un morceau de plastiqueplastique, comme ce fut le cas au mois d'octobre quand la caméra Mastcam a débusqué un objet fait de main d'Homme et provenant du rover.

    Cette structure semble incluse dans le rocher, explique Guy Webster, et sa nature - bien sûr minérale - n'a pas été élucidée. Elle fera peut-être partie des mystères sur lesquels se pencheront les scientifiques associés à la mission Mars Science LaboratoryMars Science Laboratory (MSL), et qui ont devant eux des années de travail, bien au-delà des deux ans prévus pour les pérégrinations de Curiosity.