En ce mois de l'astronomie et de l'astronautique sur Futura-Sciences, revenons sur une évolution majeure : le développement d'une industrie spatiale privée. 2010 aura vu SpaceX devenir la première firme privée à lancer une capsule orbitale et la récupérer. Ce n'était qu'un début : en 2011 auront lieu de nombreux essais suborbitaux et spatiaux et les activités commerciales pourraient prendre leur essor en 2012.
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La capsule Dragon de SpaceX récupérée après son retour sur Terre. © SpaceX/Mike Altenhofen
En devenant la première compagnie privée à placer sur orbite un satellite et une capsule orbitale (Dragon, en décembre 2010), SpaceXSpaceX a ouvert la voie à une industrie qui devrait accroître non seulement les possibilités d'accéder à l'espace mais également l'ouvrir à d'autres utilisateurs que la communauté scientifique et les agences spatiales. Les succès de SpaceX ont montré que le secteur privé peut jouer un rôle jusque-là dévolu aux États pour peu que le financement suive, que les idées soient encadrées et que des mécanismes encouragent les petites entreprises novatrices à participer à cette nouvelle étape de la conquête spatiale.
Cependant, pour le moment, les économies d'échelle attendues ne seront pas au rendez-vous de sorte que l'accès à l'espace restera durablement coûteux. Mais un nombre plus important d'opérateurs va contribuer à le démocratiser. En filigrane se dessine une stratégie qui consisterait à confier au secteur privé la production des systèmes de transport et au secteur public la fourniture de biens et autres services publics. Dans ce schéma, les agences spatiales auraient la priorité pour les vols habitésvols habités. Une telle situation aura de profondes conséquences sur notre manière d'utiliser l'espace. Législateurs et utilisateurs devront se pencher sur la mise en place de lois régissant l'utilisation de ce nouveau territoire, de façon à s'assurer que les règles du jeu s'appliqueront à tous les acteurs du milieu spatial de manière équitable et transparente.
Le fret avant les hommes
En 2011, on devrait assister à une montée en puissance d'essais suborbitaux et spatiaux de systèmes de transports que la Nasa encadre dans les programmes Cots, pour l'envoi de charges utiles et CCDev pour le transport de passagers. SpaceX pourrait envoyer sa capsule s'amarrer à la Station spatiale internationale et le cargo spatial Cygnus d'Orbital Sciences et de Thales Alenia Space devrait décoller pour la première fois.
Quant aux vols habités, aucune tentative n'est prévue si ce n'est celle de Virgin Galactic qui prévoit de réaliser un vol d'essai opérationnel dès cette année et de lancer un service commercial vers la fin 2011.
Autre projet prometteur, l’avion spatial d’Astrium dont le développement est gelé depuis le début de la crise économique et financière de 2008. L’industriel, qui ne cherche pas de budget institutionnel, mise sur un financement privé qui pourrait bien venir de fonds d’États du Golfe. © Astrium/image MasterImage, 2008
Mais 2011 ne se limitera pas au seul projet Cots de la Nasa. D'autres pourraient connaître des avancées cette même année. Cependant, il n'est guère possible de tenir un calendrier à jour car ces futurs engins spatiaux ne sont pas confrontés aux seules lois de la gravité. Les entrepreneurs et les petites sociétés innovantes qui tiennent leurs projets à bout de bras sont en perpétuelle recherche de fonds et de soutien institutionnel. Ils doivent composer avec les lois du marché qui exigent des business plans et des feuilles de route pas toujours en ligne avec la réalité du terrain. On suivra néanmoins celui de Masten qui développe un véhicule à décollage et atterrissage verticaux.
Concernant les vols habités, la situation est plus confuse. Aux États-Unis, SpaceDev, Orbital Sciences, XCor et SpaceX sont en course pour développer leur propre système de transport. À l'exception de SpaceX, les trois autres sociétés peuvent le faire dans le cadre du programme CCDev de la Nasa. Après une première série d'essais au sol ou sur un écran d'ordinateur, qui n'ont d'autre objectif que de démontrer le bien-fondé des concepts, ces entreprises sont rapidement confrontées à la question du lanceurlanceur qualifié pour le vol humain et au financement du projet. Concrètement, les projets sont étalés dans le temps et leur réalisation devient plus aléatoire. Nous aurons l'occasion d'y revenir.