Filiale du groupe EADS (European Aeronautic Defence and Space company), spécialisée dans les systèmes spatiaux civils et militaire, EADS Astrium vient de présenter son projet de véhicule spatial qui devrait permettre à des touristes de grimper au-delà de l'atmosphère, là où la Terre paraît ronde et où l'on peut s'abandonner aux joies de l'apesanteur.

au sommaire


    Pour cette réalisation, Astrium a opté pour un appareil de la taille d'un jet d'affaires pouvant embarquer quatre passagers en plus du pilote. Celui-ci décollera d'une piste conventionnelle à l'aide de ses moteurs atmosphériques. Puis à l'altitude de 12 km, un moteur fuséefusée sera mis en route, et le véhicule prendra à la fois de la vitesse et de l'altitude, pour culminer à 100 km. La phase d'apesanteurapesanteur provoquée par la trajectoire parabolique au-delà de l'atmosphèreatmosphère durera environ trois minutes, tandis que la totalité du vol, du décollage à l'atterrissage, prendra environ deux heures.

    Astrium a donc décidé de "croire" dans le tourisme spatialtourisme spatial, et ce malgré l'aspect très marginal de cette activité, à notre époque du moins. Jusqu'ici en effet, seule une poignée d'hommes - et une femme - ont pu s'offrir un séjour à bord de la Station Spatiale Internationale, seule possibilité offerte actuellement, pour un prix estimé à 21 millions de dollars. Mais Astrium se déclare convaincu d'un rapide développement de la demande, surtout lorsque d'autres alternatives seront proposées pour un montant plus "démocratique". Ainsi François Auque, président d'Astrium, estime que si le prix du voyage pouvait être abaissé à 150.000 ou 200.000 euros, le tourisme spatial pourrait représenter 15.000 passagers par an à l'horizon 2020, dont il espère capter 30 % du marché.

    Mais François Auque précise que le projet sera essentiellement financé par le secteur privé, à l'instar du Space Ship Two de Virgin GalacticVirgin Galactic qui, lui, est entièrement privé et dont la rentabilité ne fait aucun doute à son concepteur, le milliardaire et homme d'affaires britannique Richard Branson.

    "L'objectif n'est pas qu'Astrium soit l'investisseur principal dans le projet", déclare François Auque, poursuivant "Nous allons proposer à des industriels d'être des 'risk sharing partners', solliciter des régions européennes et des investisseurs privés", insistant sur le fait qu'Astrium n'avait pas l'intention d'exploiter lui-même ses appareils.

    Raisons stratégiques

    Mais au-delà de la rentabilité de son projet, Astrium ambitionne surtout de conforter une position déjà enviable dans le secteur spatial acquise notamment grâce à Ariane, en se lançant dans un secteur qui ne pourra que prendre de l'importance à l'avenir, et où toute expérience acquise dès le départ vaudra son pesant d'or face aux entreprises qui tenteront de prendre le train en marche d'ici quelques années.

    Plus important encore selon Astrium, l'aspect essentiel de cette réalisation ne réside pas dans ses revenus, mais bien dans le maintien des compétences du groupe dans le secteur spatial. Le nouvel appareil pourrait aussi évoluer vers un lanceur spatial réutilisable, en remplaçant la cellule passagers par un étage supplémentaire et une charge utile.

    Le projet, dont la première ébauche a été présentée en mars dernier au comité exécutif d'EADSEADS, ne sera soumis au conseil d'administration que lorsqu'un budget précis aura été mis au point. Provisoirement, le coût du développement est estimé à un milliard d'euros et une décision de lancement devrait être prise à la fin de l'année.

    L'avion spatialavion spatial (dont aucune image n'a encore été dévoilée) sera ensuite construit à raison de cinq exemplaires par an, pour atteindre une flotte de 20 appareils après dix ans. Les moteurs-fusées seront remplacés tous les trente vols pour des raisons de sécurité.