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Les assemblages fossilesfossiles ne résultent pas seulement de l'accumulation en un point de faunesfaunes variant verticalement et horizontalement mais aussi de mélanges dus aux courants, de la dissolution sélective dans la colonne d'eau, de la dissolution à la surface puis au sein des sédimentssédiments et lors de la diagenèsediagenèse.
Le nombre d'individus et le nombre d'espècesespèces sont beaucoup moins importants dans le sédiment (et a fortiori la roche) que dans le plancton. Cette diminution drastique du nombre de tests est due aux dissolutions successives.
Les radiolairesradiolaires sont abondants dans les boues actuelles des fonds océaniques équatoriaux où, en surface, la productivité planctonique est élevée. Cependant, la productivité des autres organismes y est également importante si bien que les radiolaires sont souvent masqués par de grandes quantités de foraminifèresforaminifères et de nannoplancton pour l'essentiel. Une exception concerne les fonds situés sous le niveau de compensation des carbonates (CCDCCD). Là, se déposent des boues siliceuses, en général dominées par la présence de radiolaires dans le Pacifique équatorial et par des diatoméesdiatomées ailleurs.
Les radiolaires sont aussi relativement abondants sous les ceintures de grande productivité des hautes latitudeslatitudes, particulièrement autour de l'AntarctiqueAntarctique et dans le Pacifique Nord où les tests calcairescalcaires sont généralement peu abondants. Dans ces régions de hautes latitudes, les diatomées sont plus abondantes encore que les radiolaires. Dans les parties centrales et les plus profondes des bassins océaniques, la productivité biologique et le taux de sédimentationsédimentation terrigène sont faibles. Ainsi, la faible dilution pourrait laisser apparaître une sédimentation siliceuse biogène, mais la durée de l'exposition des tests à l'interface eau-sédiment provoque une dissolution presque complète. Dans ces régions s'accumulent des « boues rouges » azoïques.
Dans les sédiments des marges continentales, les radiolaires sont généralement rares ou absents : ils sont dilués par d'importants apports de matériel terrigène.
Du sédiment à la roche
Quatre processus majeurs contrôlent l'évolution d'une boue biogène de son stade initial à son actuel état de roche : apport de matériel biogène, dissolution de ce matériel durant la sédimentation, dilution du sédiment par d'autres composants (biogènes ou non) et transformations diagénétiques du produit initial.
Dissolution des tests
Après la mort de l'individu, un test est sujet à dissolution pendant sa chute, lors de son exposition à l'interface eau de mer-sédiment et finalement dans le sédiment. La susceptibilité à la dissolution est fonction de la taille des particules, de la température et de la pression, du vernisvernis protecteur, qu'il soit organique ou non, des ions adsorbés, et du degré de l'ordre cristallographique. Ainsi, les organismes siliceux peuvent-ils être classés en fonction de leur susceptibilité croissante à la dissolution : spicules d'éponge, radiolaires, silicoflagellés et enfin diatomées. Globalement moins de 1 % de la silicesilice fixée par les organismes planctoniques en surface est conservé dans l'enregistrement géologique.
- Dissolution dans la colonne d'eau
Le temps moyen de résidence d'un test de radiolaire mort dans la zone de productivité biologique (les 200 mètres supérieurs de la colonne d'eau) est de 2 semaines à 1 mois et demi (Takahashi, 1983). Selon Takahashi (1981), la durée de chute d'un test libre durerait de deux semaines à 14 mois dans une colonne d'eau d'environ 5.000 mètres. La dissolution complète d'un test intervient entre quelques heures et quelques jours (Vinogradov & Tsitlin, 1983).
Ces données montrent clairement que les chances pour un test d'atteindre le fond sont certes faibles mais ne diminuent pas avec la profondeur. Lors de leur chute, les organismes siliceux (radiolaires et diatomées) sont protégés de la dissolution s'ils sont englobés dans des pelotes fécales ou des agrégats organiques (Schrader, 1971; Casey et al., 1979 ; Takahashi, 1981). Cette observation est d'importance car, au moins dans certains bassins, la part la plus importante de la sédimentation se fait de cette façon.
- Dissolution dans le sédiment
La disparition progressive de dépôts biosiliceux dans les sédiments, en profondeur, n'est pas régulière et est davantage redevable aux fluctuations de la bioproductivité qu'à la dissolution. Quand la productivité est élevée, les premiers organismes dissous enrichissent l'eau en silice qui devient alors moins agressive pour les formes qui se sédimentent ensuite (effet de seuil). La dissolution des tests se produit surtout à l'interface eau-sédiment, ou dans les quelques centimètres de la tranche supérieure du sédiment.
Diagenèse
Transformation des phases silicatées
La silice biogène du test des radiolaires est amorpheamorphe (= non cristalline) quand elle est observée aux rayons X. Elle est appelée opaleopale-A (opale amorphe). Cette opale-A est instable et tend à se transformer en opale-CT (qui correspond à un mélange d'opale de cristobalite et de tridymite). Une roche à ce stade est appelée porcelanite. La transformation de l'opale-A en opale-CT résulte d'un mécanisme de dissolution-précipitation (Mizutani, 1966).
À plus haute température (enfouissement ou flux thermique plus important) ou avec le temps, l'opale-CT se transforme en calcédoine et/ou quartzquartz microcristallin, qui représente une phase siliceuse stable.
Diminution de la porosité et compaction
Les transformations de phases silicatées successives sont accompagnées d'une réduction de porosité du sédiment puis de la roche.
B : diminution de porosité pour des sédiments pélagiques calcaires et terrigènes (Isaacs et al., 1983).
Dans les roches, la diminution de porosité se traduit par une diminution d'une seule dimension : l'épaisseur.
Durée des transformations de phases
Outre la pression et la température, le temps favorise la transformation des phases siliceuses. Les sédiments siliceux cénozoïquescénozoïques sont généralement à l'état de porcelanites alors que les jaspes (ou silex, ou chailles, ou phtanites ou lydiennes...) sont plus fréquents dans les terrains mésozoïquesmésozoïques et paléozoïquespaléozoïques.
Conclusion
Toutes les vicissitudes que subit un test (dissolution dans la colonne d'eau, à l'interface eau-sédiment, lors de la diagenèse...) font que les chances, pour que le squelette d'un radiolaire parvienne aux archives géologiques, sont quasiment nulles.
Il reste ensuite au paléontologuepaléontologue à réussir à extraire ces radiolaires de la roche par attaques chimiques et dissolutions différentielles. Autant dire que les squelettes qu'observe le micropaléontologiste sont autant de miracles !