Les requins et la menace d'extinction

Les requins et la menace d'extinction

Sur les cent espèces de requins exploitées par l'Homme, seulement une vingtaine n'est pas vulnérable, menacée ou en voie de disparition.

Photo prise en aquarium, à ne jamais faire bien entendu, en pleine mer. © Fanouze

Photo prise en aquarium, à ne jamais faire bien entendu, en pleine mer. © Fanouze

Parmi les plus gravement menacées d'extinction, il faut citer : le requin soyeux, le requin-pèlerin, le requin taupe commun, l'aiguillat commun, le requin de sable et le requin taupe bleu. Sans parler des espèces prisées par des hommes en quête de sensations comme le grand requin blanc ou le requin-mako, lors de parties de pêche organisées, pour des gens peu informés ou par des sans-scrupules.

Plusieurs espèces de requins sont en danger d'extinction. © Fanouze

Plusieurs espèces de requins sont en danger d'extinction. © Fanouze

L'équilibre fragile de la chaîne alimentaire

Les requins sont des prédateurs, omniprésents en bout de chaîne alimentaire. Le constat est le même dans tous les écosystèmes, si on perturbe un maillon, c'est l'édifice tout entier qui est malmené, jusqu'à un degré de non-retour. Ces seigneurs de la mer éliminent les poissons malades, les animaux génétiquement déficients, les cadavres avec leur rôle d'épurateur biologique indispensable, permettant ainsi un équilibre des océans. Un pêcheur basé à la Réunion, me relatait, expérience de quinze ans faisant foi, que les marlins des Caraïbes ne se défendaient quasiment pas et qu'une quinzaine de minutes suffisaient à les remonter. À taille équivalente, il fallait livrer de longues batailles, en durée et en énergie, avec ceux de la Réunion. Le constat est simple et tristement parlant, les quantités de prises de requins dans l'atlantique sont telles que la gestion naturelle de poissons, notamment les grands pélagiques, dont les marlins, ne se fait pas correctement. Un individu faible ou peu rapide se fera dévorer à la Réunion alors qu'aux Antilles, vu la plus faible densité relative de requin, il pourra survivre et vieillir... Cette limite de l'extension de populations de poissons, toutes espèces confondues, est indispensable à une bonne marche de l'écosystème tout entier.

Dents de requin. © P. Mespoulhé

Dents de requin. © P. Mespoulhé

Toutes les interactions possibles entre les organismes sont maintenues à une certaine valeur seuil, et ce depuis des millions d'années. Ce seuil a, pour certaines espèces, été atteint entraînant à court terme la disparition pure et simple de la surface de La Terre. Il est calculé à partir de paramètres de reproduction et de coefficient d'alimentation. Avec les méthodes d'analyses et de modélisation actuelles, nous saurions établir des limites dans la gestion des stocks de requins (et d'autres espèces halieutiques) afin d'exploiter intelligemment les ressources des océans et ne pas arriver à des extinctions massives, catastrophiques pour notre planète.

Protéger les requins pour préserver la biodiversité. © Fanouze

Protéger les requins pour préserver la biodiversité. © Fanouze

Il suffirait d'un moratoire et d'un respect des périodes de reproduction, associé à des réserves sanctuaires, pour que chacun trouve son compte, les pêcheurs et les requins. Discours intellectuel dans un monde si matériel...

Un respect mutuel

Les requins ne sont pas cruels. Ils n'ont aucune conception du bien et du mal... Nous devons nous garder de les juger selon nos critères humains. Il faut les considérer parce qu'ils sont des prédateurs que des siècles d'évolution ont adaptés à la chasse.

Tuer pour eux est la seule manière de survivre...

Cette vieille histoire de 400 millions d'années, est aujourd'hui menacée par une espèce animale, superprédatrice, cupide et opportuniste, j'ai cité l'Homo sapiens, qui n'a de sage que le nom dans ce contexte aquatique. Lui, qui en a quelque trente ans d'exploitation, a l'outrecuidance de pouvoir bousculer un gigantesque écosystème, lieu d'origine et avenir de la vie, dans une indifférence quasi-générale. Urgence, le mot est lancé. Nous sommes tous responsables et chacun a un rôle à jouer, aussi minime qu'il soit. Politiques, enseignants, parents, marins, pêcheurs, associations, fondations, dirigeants agroalimentaires, fabricants de cosmétiques, décideurs de tout genre, consommateurs, vous... Nous sommes sur le même bateau-planète et devons forcer dans le même sens, c'est une question d'intérêt international. 

La protection des requins, un enjeu pour la planète. © Fanouze

La protection des requins, un enjeu pour la planète. © Fanouze

Presque quatre cents espèces de requins se répartissent parmi huit ordres, vingt-deux familles et une cinquantaine de genres (pour l'instant).

Ce sont des poissons, donc des vertébrés, au même titre que les batraciens, reptiles, oiseaux et mammifères. Ouvrir et fermer leur gueule fut un avantage considérable pour la capture des proies et une étape ultime dans l'évolution des dits-vertébrés. Leur squelette est cartilagineux, comme les raies et les chimères. À toutes ces espèces si différentes, elles présentent quand même des caractères morphologiques externes communs.