Les venins de serpent servent à immobiliser rapidement la proie et à commencer sa digestion. La rapidité et l'intensité de ces fonctions sont d'autant plus nécessaires que les serpents, dépourvus de membre, sont incapables de contention ou de découpage.

<em>Psammophis sibilans, </em>une espèce de serpents de la famille des <em>Lamprophiidae.</em> © Reptiles4all, Shutterstock
Psammophis sibilans, une espèce de serpents de la famille des Lamprophiidae. © Reptiles4all, Shutterstock

Une composition biochimique propre à chaque espèce

Le venin de chaque espèce présente une composition biochimique propre qui s'exprime autant par son action pharmacologique que par ses propriétés antigéniques, c'est-à-dire sa capacité à induire les mécanismes de défense chez l'animal mordu. Cela explique que le sérum antivenimeux qui utilise cette propriété (voir plus loin) doit être adapté à l'espèce venimeuse responsable de la morsure.

Les symptômes les plus courants d'une envenimation quelconque, toutefois, les symptômes varient beaucoup suivant le type de serpent qui a causé la morsure. © Mikaël Haggstrom, Wikimedia commons, DP
Les symptômes les plus courants d'une envenimation quelconque, toutefois, les symptômes varient beaucoup suivant le type de serpent qui a causé la morsure. © Mikaël Haggstrom, Wikimedia commons, DP

Les venins sont essentiellement composés d’enzymes et de toxines

  • Les enzymes

Les enzymes transforment des substances (ou substrats) en composés nouveaux : il s'agit, le plus souvent, de dégradation ou de modification de structure chimique permettant au nouveau composé d'avoir une action pharmacologique particulière. En outre, la toxicité n'est pas directement proportionnelle à la quantité injectée, même si cette dernière conserve une certaine influence, notamment sur la rapidité d'apparition des symptômes. En revanche, l'action toxique peut se prolonger plusieurs jours après la pénétration de l'enzyme, avec des conséquences tardives.

La plupart des enzymes sont dépourvues d'action toxique ou déterminent des troubles cliniques mineurs parce que bien compensés par l'organisme. D'autres ont une action clinique marquée, voire mortelle. De nombreuses enzymes de venins de serpent agissent sur la coagulation sanguine en remplaçant les facteurs qui favorisent ou au contraire inhibent la formation du caillot. Ainsi, certains venins provoquent l'apparition rapide d'un caillot qui peut obstruer les vaisseaux sanguins et entraîner des thromboses cérébrales ou cardiaques, notamment. Dans un second temps, la formation continue de caillots va se traduire par une perte des capacités de l'organisme à les fabriquer, fautes de substances nécessaires à leur fabrication, ce qui va induire un syndrome hémorragique potentiellement mortel. D'autres enzymes, les protéases, provoquent la destruction des tissus conduisant, en partie, à la nécrose.

  • Les toxines

Les toxines sont des protéines de petites tailles, se diffusant rapidement dans l'organisme, qui se fixent sur des récepteurs cellulaires spécifiques dont elles perturbent le fonctionnement. 

Les plus importantes sont les neurotoxines qui bloquent la transmission neuromusculaire. Les toxines postsynaptiques se lient au récepteur de l'acétylcholine de la jonction neuromusculaire et empêchent la liaison avec l'acétylcholine, entraînant une paralysie musculaire. Les toxines présynaptiques, plus volumineuses et plus complexes que les précédentes, empêchent la libération de l'acétylcholine au niveau de la plaque neuromotrice. Elles présentent généralement une activité enzymatique qui se traduit par la destruction plus ou moins importante de la fibre musculaire ou nerveuse.