Irruption massive des eaux et facteurs géologiques ont déterminé le paysage des calanques.

À gauche, la Calanque et à droite, le Cap Morgiou. © Tobi87, Wikimedia commons, CC 1.2<br> 
À gauche, la Calanque et à droite, le Cap Morgiou. © Tobi87, Wikimedia commons, CC 1.2
 
Figure 22. Paysage vertical des calanques. © J. Collina-Girard
Figure 22. Paysage vertical des calanques. © J. Collina-Girard

Calanques et paysages sous-marins

Les célèbres paysages des calanques apparaissent comme la résultante de deux facteurs, l'ingression marine des littoraux à la fin de la dernière glaciation et la surimposition des vallées littorales aux zones broyées par les failles et les fractures. Sous la mer, la verticalité des tombants est interrompue par des replats d'érosion (Figure 22 et 23).

Figure 23. Les tombants en escalier, caractéristiques des paysages sous-marins. © J. Collina-Girard
Figure 23. Les tombants en escalier, caractéristiques des paysages sous-marins. © J. Collina-Girard

Cette morphologie en escalier est une autre composante des paysages sous-marins. L'étude statistique de cet étagement a été conduite en Provence, en Corse et sur l'île d'Elbe en mettant en évidence une séquence type avec des replats centrés autour des profondeurs suivantes : -11 m, -17 m, -25 m, -35/-36 m, -41 m, -46 m, -50/55 m.

Figure 24. Les replats sous-marins en Méditerranée occidentale. © J. Collina-Girard
Figure 24. Les replats sous-marins en Méditerranée occidentale. © J. Collina-Girard

Les encoches littorales

Cet étagement (Figure 24) a été interprété comme une séquence de paléorivages creusés lors de la transgression finiglaciaire et holocène, initiée à Marseille par un cordon littoral carotté à -100 m au sud de l'île de Planier. Ce cordon littoral a été daté, au carbone 14, de 13.800 ans BP (avant le présent) à partir de coquilles de moules. Une séquence d'encoches littorales étagée a été observée près de Bandol (port d'Alon) par le biologiste Jacques Laborel à -7 m, -25 m et -35 m (Figure 25).

Figure 25. Encoches littorales immergées. © J. Collina-Girard
Figure 25. Encoches littorales immergées. © J. Collina-Girard

Des traces de l'exploitation des poissons et coquillages

Au cap Morgiou, la grotte Cosquer, semi-immergée, et seulement accessible en plongée, doit sa célébrité à des dessins au fusain et des gravures. Les animaux représentés, chevaux, bouquetins, bisons, aurochs, antilopes saïgas et cervidés, renvoient aux collines et aux plaines englouties du Dernier Maximum glaciaire (18.000 BP, avant le présent) mais aussi aux paysages littoraux (phoques et pingouins) qui s'étendaient à une quinzaine de kilomètres vers le sud. L'archéologie nous montre que dans la région, l'exploitation des poissons et des coquillages remonte au moins au Paléolithique supérieur (abri de Carry-le-Rouet) et se poursuit au Néolithique (sablière de l'île de Riou et fouilles de la butte Saint-Charles à Marseille).

Les facteurs géologiques déterminent l'essentiel du paysage littoral et sous-marin. Ces paysages sont aussi perçus à travers des facteurs plus fluctuants comme le régime des vents et des courants marins. Si ces facteurs atmosphériques influencent, à une échelle très courte, la perception immédiate de l'observateur (lumière, hygrométrie, couverture nuageuse), les rythmes climatiques saisonniers et cycliques y ajoutent, pour leur part, une touche temporelle.