La biodiversité effectue un contrôle biologique gratuit. Partout à travers le monde les Hommes sont en compétition avec une multitude de ravageurs pour la nourriture, les fibres et le bois. Mais, qu'ils le sachent ou non, ils sont aidés dans cette lutte par nombre de parasites et prédateurs qui réduisent grandement  les densités de beaucoup de ces ravageurs. La perte des services assurés par des contrôleurs naturels des ravageurs peut avoir d'importantes conséquences économiques, environnementales ainsi que pour la santé humaine.

Chauve souris en vol. © Michael Pennay, Flickr,  CC by-nc 2.0

Chauve souris en vol. © Michael Pennay, Flickr,  CC by-nc 2.0
<em>Tadarida brasiliensis. </em>La chauve-souris procure un service écologique. © Ron Groves - domaine public

Tadarida brasiliensis. La chauve-souris procure un service écologique. © Ron Groves - domaine public

Exemple de service écologique : la chauve-souris brésilienne


La chauve-souris brésilienne, Tadarida brasiliensis, fournit un service de contrôle biologique des ravageurs
 à l'échelle continentale pour l'Amérique du Nord. L'espèce hiverne au centre et au sud du Mexique et migre vers le nord chaque printemps pour former de grandes colonies de reproduction au nord du Mexique et dans le sud-ouest des États-Unis. On a recensé des colonies de cette espèce renfermant plus de 20 millions d'individus. Plus de 100 millions de chauves-souris peuvent se disperser chaque nuit hors des grottes et des ponts où elles s'abritent durant le jour pour se nourrir dans le sud et le centre du Texas. Ces chauves-souris consomment d'énormes quantités d'insectes pendant la période chaude ; les femelles allaitantes, en particulier, peuvent ingérer jusqu'à deux tiers de leur masse corporelle chaque nuit. Les proies de ces chauves-souris incluent des adultes de plusieurs espèces de lépidoptères de la famille des Noctuelles, dont les larves sont connues comme des pestes agricoles, parmi lesquelles un redoutable ravageur du coton (Helicoperva zea). Les revenus sauvés par les chauves-souris en tant qu'agents de contrôle biologique des ravageurs du coton ont été estimés dans une région de huit comtés du Texas central et méridional. Les calculs donnent une valeur annuelle de 741.000 dollars, avec une gamme allant de 121.000 à 1.725.000 dollars, à comparer aux quelque 5 millions de dollars par an que représente la récolte de coton.

Biodiversité -> Processus écologiques -> Services

Précisons toutefois que les flèches qui relient les trois ensembles dénommés ci-dessus masquent des phénomènes complexes, disparates et beaucoup d'inconnu, comme tout le jeu des interactions entre espèces et individus (compétition, prédation, parasitisme... et coopération !), base obscure de cette propriété majeure des écosystèmes supposée liée à leur diversité spécifique et fonctionnelle, que l'on appelle résilience - capacité à absorber et tamponner les chocs, à retrouver un fonctionnement normal après une catastrophe. Propriété majeure, en effet, car assurance sur l'avenir, stratégie d'adaptation aux changements.

Propriété trop ignorée ou sous-estimée parce que ses vertus se font sentir sur le long terme- à l'échelle de décennies, de siècles : qui aujourd'hui se préoccupe ou raisonne à ces échelles de temps ? En outre, cette propriété, comme la notion de service écologique qui lui est associée, nous amène à considérer que, au-delà de leur nombre, ce sont les caractéristiques fonctionnelles des espèces qui influent le plus fortement sur les propriétés des écosystèmes et la qualité et l'ampleur des services qu'ils peuvent délivrer.

Figure 2. Les services écologiques démontrent le lien entre la biodiversité et les sociétés humaines. © DR

Figure 2. Les services écologiques démontrent le lien entre la biodiversité et les sociétés humaines. © DR

On aura compris que nos sociétés humaines sont étroitement dépendantes, et depuis toujours, de la biodiversité ; biodiversité dont elles font partie ; biodiversité qu'elles influencent en retour (voir fig. 2).