Le fait de marcher pieds nus plutôt qu’avec des chaussures favorise des callosités qui protègent le pied, sans empêcher la sensibilité tactile. C’est le résultat d’une étude réalisée au Kenya et qui a comparé les pieds de personnes marchant pieds nus ou avec des chaussures.


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    Dans l'histoire de l'humanité, les humains ont longtemps marché pieds nus. L'invention de la chaussure est relativement récente : « la plus vieille chaussure au monde », datée de 5.500 ans, a été découverte en Arménie en 2010. Aujourd'hui, nous sentons peut-être nos pieds plus protégés lorsqu'ils sont enfermés dans des chaussures, mais pendant des millénaires les pieds des humains ont dû s'adapter pour marcher à même le sol.

    Sous les pieds des personnes qui marchent pieds nus, se développent généralement des callosités, au niveau de la couche externe, kératinisée, de l'épiderme. Si ces callosités protègent le pied, n'entraînent-elles pas une perte de sensibilité ? Par exemple, si vous marchez sur une surface glissante, vaut-il mieux un pied sans callosités pour mieux ressentir les caractéristiques du sol ?

    Le saviez-vous ?

    Le sens du toucher utilise des mécanorécepteurs, qui sont des terminaisons nerveuses présentes dans le derme. Les mécanorécepteurs sont stimulés par des déformations mécaniques de la peau.

    Dans cette recherche réalisée par des chercheurs de Harvard, l'équipe a contacté des scientifiques basés au Kenya et a étudié les pieds de 81 adultes vivant dans l'ouest du pays, en zone rurale ou urbaine. Certains participants n'avaient jamais porté de chaussures, d'autres étaient chaussés tous les jours, et d'autres encore portaient des chaussures épisodiquement. L'étude paraît dans la revue Nature.

    Globalement, comme ils s'y attendaient, les scientifiques ont observé que les personnes habituées à marcher pieds nus avaient des callosités plus épaisses et plus dures que celles qui marchaient avec des chaussures.

    Les callosités ne gênent pas le sens du toucher

    Les chercheurs ont testé le sens du toucher des participants. Les résultats montrent que les callosités ne gênent pas la perception des stimuli tactiles et la transmission d'un message sensoriel au cerveau. Peu importe l'épaisseur ou la duretédureté de ces callosités, elles n'empêchent pas de ressentir le sol.

    L’épiderme de la peau comprend plusieurs couches, avec en surface la <em>stratum corneum</em>, ou couche cornée. © sakurra, Fotolia
    L’épiderme de la peau comprend plusieurs couches, avec en surface la stratum corneum, ou couche cornée. © sakurra, Fotolia

    De plus, les personnes avec des callosités épaisses ne marchaient pas vraiment différemment de celles qui avaient de plus fines callosités. En revanche, quand elles marchaient, les personnes habituées à porter des chaussures avaient un coup de pied plus puissant que celles qui marchaient pieds nus. Les chaussures ont tendance à limiter l'impact du talon sur le sol, ce qui pourrait envoyer plus de force dans les articulations. Les chercheurs se demandent si, à long terme, cette différence pourrait expliquer le développement de certains troubles comme des maladies dégénératives des articulations (arthrose)).

    À Boston, les chercheurs ont aussi étudié des personnes habituées à marcher pieds nus, ce qui a confirmé les observations faites au Kenya : les callosités ne constituent pas une gêne et n'ont pas besoin d'être éliminées par une pédicure ou chez un podologuepodologue ! Sur le site de l’université Harvard, Daniel Liebermann, professeur de sciences biologiques, un des auteurs de cet article, a remarqué : « Nous vivons dans ce monde étrange où les callosités sont mauvaises. » Il ajoute  « Mais jusqu'à récemment, il était anormal de ne pas avoir de callosités. Nous avons perdu le contact avec notre corps à certains égards et c'est un bon exemple de cela. »